Debout devant le miroir de la salle de bain
Sur le coup de midi
Un grand plombier au visage latin
Habillé en dimanche et tout petit
Chante pour oublier son malheur
Chante que tout est foutu
Qu'il n'ira pas sur le Champ du Feu
Que la guerre n'est pas juste
Et le travail ne sert à rien
Que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue
Et les filles ne sont pas pour lui
Et titubant devant la baignoire
Mais guidé par son instinct
Il s'arrête pile devant la cuvette des WC
Trois paysans l'appellent
Puis disparaît dans la lunette
Sans régler les factures
Disparaît dans le soleil couchant
Debout devant l'église
Sur le coup de midi
Un grand plombier décoiffé
Habillé en dimanche et chaussures cirées
Chante pour tous ces gens
Chante que personne ne devrait
Qu'il n'ira pas lui non plus là-bas
Que la guerre est injuste
Et le travail nécessaire
Que la vie est un cadeau
Et les filles si belles
Et titubant devant la foule
Mais guidé par les enfants de chœur
Il s'arrête pile devant le curé
Trois paysans et deux lavandières
Puis disparaît dans la campagne
Sans régler les dissensions
Disparaît dans le soleil d'été
Debout devant la statue, sur la place
Sur le coup de midi
Un grand plombier italien
Habillé en dimanche et bien branché
Chante pour le plaisir
Chante que la vie est belle
Qu'il n'ira pas dans son pays
Que la guerre trop stupide
Et le travail trop rare
Que la vie mérite mieux
Et les filles aussi
Et titubant devant elles
Mais guidé par son instinct
Il s'arrête pile a poil
Trois paysans le voient
Puis disparaît dans les champs
Sans régler les tuyauteries
Disparaît dans le soleil de son pays
Debout devant l'église
Sur le coup de midi
Un grand plombier attristé
Habillé en dimanche et tout tremblant
Chante pour ses amis
Chante que tout simplement
Qu'il n'ira pas avec les autres
Que la guerre est nulle
Et le travail l'appelle
Que la vie est belle
Et les filles troublantes
Et titubant devant le monument aux morts
Mais guidé par son instinct
Il s'arrête pile se tait
Trois paysans l'ont aperçu
Puis disparaît dans la forêt
Sans régler les ardoises du café
Disparaît dans le soleil se perd dans l'éternité
Debout devant ses chiottes
Sur le coup de midi
Un grand plombier zingueur
Habillé en dimanche et sacoche en bandoulière
Chante pour faire venir le flux
Chante que le jet abonde
Qu'il n'ira pas de sitôt
Que la guerre est virile
Et le travail du muscle
Que la vie bouillonne
Et les filles de joie exultent
Et titubant devant sa glace
Mais guidé par l'instinct
Il s'arrête pile.
Trois paysans le regardent, il les toise
Puis disparaît dans le fossé
Sans régler les comptes
Disparaît dans le soleil du plaisir
Debout devant un bar
Sur le coup de midi
Un grand plombier tout gris
Habillé en dimanche et pourtant c'est lundi
Chante pour mardi
Chante que c'est fini
Qu'il n'ira pas travailler
Que la guerre est finie
Et le travail ennuyant
Que la vie est belle
Et les filles jolies
Et titubant devant tant d'enfants
Mais guidé par le soleil
Il s'arrête pile devant
Trois paysans qui le saluent
Puis disparaît dans la pénombre
Sans régler les consommations
Disparaît dans le soleil qui fuit.
Debout devant son miroir
Sur le coup de dix heures du soir
Un grand plombier ravagé
Habillé en dimanche et gominé
Chante pour se ressourcer
Chante que c'est pas gagné
Qu'il n'ira pas la retrouver
Que la guerre n'y a rien changé
Et le travail l'a défoncé
Que la vie n'est pas toujours comme ça
Et les filles c'est n'importe quoi
Et titubant devant son matelas
Mais guidé par l'au-delà
Il s'arrête pile devant son sofa
Trois paysans aux très gros bras
Puis disparaît dans ...
Sans régler les ...
Disparaît dans le soleil ....
Debout devant l'armoire à glace
Sur le coup de midi moins le quart
Un grand plombier une armoire à glace
Habillé en dimanche et sans fard
Chante pour faire rager le coq
Chante que tout finira tôt ou tard
Qu'il n'ira pas faire le zouave
Que la guerre fait que du Viandoc
Et le travail c'est chou-rave
Que la vie inépuisable
Et les filles le rendent imbuvable
Et titubant devant la plus belle
Mais guidé par ses sentiments
Il s'arrête pile élégant
Trois paysans ne le valent pas
Puis disparaît dans nos mémoires
Sans régler les derniers pourboires
Disparaît dans le soleil en face et quelque part.
Debout devant le comptoir
Sur le coup de midi moins le quart
Un grand plombier tout noir
Habillé en dimanche et au fumoir
Chante pour sa belle
Chante que elle est belle
Qu'il n'ira pas voir le jaja
Que la guerre se finira
Et le travail reprendra
Que la vie continuera
Et les filles seront là
Et titubant devant le comptoir
Mais guidé par le ciboire
Il s'arrête pile devant le manoir
Trois paysans sont dans le noir
Puis disparaît dans l'abreuvoir
Sans régler les fais exorbitants
Disparaît dans le soleil éblouissant
Debout devant l'autel
Sur le coup de bourre
Un grand plombier dépourvu de robinet
Habillé en dimanche et prêt pour l'aventure
Chante pour amadouer sa belle-mère
Chante que les golfes sont clairs
Qu'il n'ira pas à la mer
Que la guerre c'est pour les généraux
Et le travail pour les pôvres
Que la vie est belle et les femmes sont chères
Et les filles inaccessibles
Et titubant devant la Vierge Marie
Mais guidé par l'Esprit Saint
Il s'arrête pile en pâmoison devant
Trois paysans chinois du Tibet
Puis disparaît dans la jungle
Sans régler les vis du turbo-train et
Disparaît dans le soleil : "I'm a poor lonesone cow-boy"
Debout devant la flaque boueuse
Sur le coup de trois heures du matin
Un grand plombier irlandais
Habillé en dimanche et passablement éméché
Chante pour les hyènes
Chante que la vie est interminable
Qu'il n'ira pas à la messe
Que la guerre est encore préférable au repos dominical
Et le travail une bénédiction
Que la vie est bien trop quotidienne
Et les filles pas assez
Et titubant devant la flaque, fourbu
Mais guidé par une formidable envie de pisser
Il s'arrête pile au bord de la falaise. Alors
Trois paysans le poussent dans le vide
Puis disparaissent dans la brume
Sans régler les frais d'obsèques, il
Disparaît dans le soleil du Connemara et repose enfin en paix.
Debout devant zinc
Sur le coup de dix heure
Un grand plombier zingueur
Habillé en dimanche et pourtant c'est lundi
Chante pour lui tout seul
Chante que c'est jeudi
Qu'il n'ira pas en classe
Que la guerre est finie
Et le travail aussi
Que la vie est belle
Et les filles si jolies
Et titubant devant le zinc
Mais guidé par son fil à plomb
Il s'arrête pile devant le patron
Trois paysans passeront et vous paieront
Puis disparaît dans le soleil
Sans régler les consommations
Disparaît dans le soleil tout en continuant sa chanson
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