Je suis le miroir qui renvoie la scène qui se joue en silence tout en mimes. Cadrage serré, perspective tronquée ; mais que se passe-t-il hors champ ?
Je suis le miroir qui donne à voir ce que tout est pour chacun : de la gloire. Oui mais pour la voir, il faut en avoir, ne pas garder son porte-monnaie dans le tiroir. Vous qui venez me voir et qui pissez à hauteur de l'urinoir passez votre chemin allez vous faire voir !
Je suis le miroir
Qui reflète vos qualités
Mais aussi tous vos défauts
Jamais je ne suis complaisant
Jamais je ne suis arrangeant
Je livre une vérité crue
Qu'elle vous plaise ou non
Si parfois je peux paraître flatteur
Ne vous y fiez pas
Cela ne dure qu'un temps
Les années passent et je suis
De moins en mins accommodant
Viendra le temps
Où vous me haïrez
Parce que je ne prends plus jamais de gants.
Je suis le miroir qui reflète mes deux voisins d'en face. Les angles obtenus par nos inclinaisons permettent au gosse qui se trouve entre nous trois de se poser de très sérieuses questions sur l'infinité des choses.
Je suis le miroir qui vivait tranquille au fond de la boutique du brocanteur de Plenery-Porsay (?), qu'on avait laissé là un jour de disette en échange de quelques galettes... Et un jour d'été j'ai déménagé parce que c'est en été que les parisiens viennent par chez nous goûter aux embruns en espérant trouver du rustique, du terrien, de l'ancien, du souvenir d'antan qui fera bel effet sur la commode Ikéa et donnera à leur trois pièces de quarante-cinq mètres carrés l'illusion d'en faire cinquante !
Je suis le miroir qui réfléchit, le miroir sans tain, à la la bordure dorée. Je suis le miroir où viennent se mirer furtivement, nonchalamment ou plus franchement les âmes de passage. Je suis le miroir...
Je suis le miroir qui observe pour la troisième fois cette forme de réunion, un peu étrange il faut bien le dire, cette réunion, disais-je, de quelques personnes grattant du papier toute une soirée. Il y a toujours les sérieux, ceux que rien n'arrête, que rien ne distrait. Il y a les longs ou les lents si vous préférez, qui n'arrivent jamais à terminer, ayant peut-être trop de choses à dire, trop de mots dans la tête ou ne sachant pas s'imposer des limites. Il y a les truculents, les créateurs qui explosent à la lecture et puis les autres qui, il me semble, font ce qu'ils peuvent. Ce soir, c'est assez sérieux je crois. Une chose ne varie pas : la parité n'est ici jamais respectée !
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